Des agriculteurs qui ajoutent le biogaz à leur récolte

Par | 2016-05-26

L’agriculture a connu des jours meilleurs. De nos jours, de nombreux agriculteurs sont à la recherche de nouveaux moyens et possibilités afin de garder leur entreprise viable car ils font face à des problèmes tels que la chute des prix du marché pour ce qu’ils produisent. Par conséquent, il n’est pas étonnant de recenser de plus en plus des agriculteurs qui ajoutent le biogaz à leur récolte. En plus des avantages financiers évidents de la biométhanisation liés à la production renouvelable de chaleur et d’électricité à partir de biogaz, le potentiel de fertilisation exceptionnel du digestat permet aux agriculteurs de réduire leurs besoins et leurs coûts pour les engrais chimiques et pesticides utilisés depuis plusieurs années. Il est également encourageant de constater que plusieurs de ces initiatives sont supportées par les autorités publiques.

Problèmes économiques résolus par la biométhanisation

Un bon exemple est celui des fermes Metcalfe dans le Yorkshire au Royaume-Uni, qui ont été gravement touchées par la baisse des prix du lait. Leur situation est partagée par de nombreux agriculteurs et près de 180 d’entre eux ont décidé de construire une unité de biométhanisation directement sur leur ferme en vue d’assurer leur stabilité financière à travers les fluctuations des prix du marché. Le propriétaire des fermes Metcalfe affirme même maintenant que «le lisier vaut plus que le lait». En effet, outre le potentiel de chaleur et d’électricité du biogaz, le lisier de son bétail produit un digestat d’une telle qualité qu’il est parvenu à diminuer de moitié ses coûts en produits fertilisants tout en réduisant significativement ses besoins en pesticides, et ce tout en obtenant des récoltes de meilleure qualité et plus durables. À ce titre, des preuves démontrent que le digestat est un bien meilleur engrais que le lisier de bétail non digéré. Ainsi, il s’agirait littéralement de gaspillage pour les agriculteurs de ne pas profiter du potentiel évident et énorme de la biométhanisation.

Un autre excellent exemple concerne l’usine Euston Biogas, également située au Royaume-Uni. Ses agriculteurs partenaires affirment que «le biogaz a créé un marché viable pour leur récolte, tout en aidant à l’atteinte des objectifs du Royaume-Uni en énergie renouvelable». Une raison évidente pour laquelle les agriculteurs ont modulé leurs récoltes pour le biogaz est parce que les prix du blé ne sont plus viables pour leur entreprise. En fait, la production d’une tonne de blé leur coûterait 135£ alors qu’elle se vendrait à seulement 100£ par tonne sur le marché. C’est la raison pour laquelle ils ont commencé à produire du maïs considérant qu’il leur en coûte 28£ par tonne à produire et qu’il peut être vendu à 30£ par tonne à l’usine de biométhanisation, qui le traite ensuite pour produire du biogaz et du digestat. Enfin, tant et aussi longtemps que leurs cultures sont gérées avec des rotations optimales afin de maintenir le sol en bonne santé, il est peu surprenant qu’ils aient décidé de cultiver une récolte qui génère un carburant et non pas de la nourriture, surtout si cela peut aussi aider à atteindre des objectifs en énergie renouvelable.

Des incitatifs gouvernementaux catalysent la transition

Comme les deux exemples précédents proviennent du Royaume-Uni, ils ont tous deux été éligibles au Renewable Heat Incentive (RHI) non-domestique. Ce soutien public de l’énergie verte «aide les entreprises, le secteur public et les organisations sans but lucratif à couvrir le coût d’installation de technologies renouvelables produisant de la chaleur». Donnant droit à une période de 20 ans pour étaler les paiements, et ce en fonction de la production de chaleur du système installé, le RHI permet aux petites entreprises telles que les fermes d’être en mesure de transiter à la biométhanisation afin de bénéficier de son potentiel.

De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis ont également mis en place des incitatifs gouvernementaux similaires qui encouragent et supportent les éleveurs, les agriculteurs et les petites entreprises afin qu’ils réduisent leur empreinte carbone en implémentant des technologies plus durables et des énergies vertes à leurs opérations. En bref, le Rural Energy for America Program (REAP) «offre des subventions et des garanties de prêts pour les systèmes d’énergie renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique, des subventions pour les audits énergétiques et des subventions pour la planification et le développement de l’énergie renouvelable pour les fournisseurs de services qui travaillent avec les agriculteurs et les petites entreprises rurales».

Ainsi, la digestion anaérobie a sa place dans toute gestion circulaire et les agriculteurs sont parmi les entités à petite échelle qui présentent un potentiel énorme pour implanter avec succès des projets de biométhanisation. Que ce soit à partir du lisier de bétail ou à partir de récoltes dédiées, le biogaz est désormais une production potentielle supplémentaire que les agriculteurs peuvent envisager afin d’être plus écoénergétiques, plus durables et plus viables. Et grâce aux appuis gouvernementaux croissants, nous pouvons nous attendre à ce que cette tendance demeure forte dans les années à venir.

Par Simon Lefebvre | 2016-05-26

Sources: May 2016 Farming Monthly National, Eastern Daily Press, UK Government, Euston Biogas Plant (image)