La fièvre du biogaz est en hausse dans les pays en développement

Par | 2016-05-13

Pour des populations rurales isolées et moins bien nanties, les avantages d’une économie circulaire efficace sont encore plus directs, concrets et évidents que pour une population urbaine occidentale. La biométhanisation s’inscrit parfaitement dans une telle économie circulaire pour plusieurs raisons, notamment grâce à l’autonomie énergétique qu’elle induit. C’est d’ailleurs pourquoi la fièvre du biogaz est en hausse dans les pays en développement, alors que de plus en plus de digesteurs anaérobies sont mis en place sur des fermes et dans des communautés rurales éloignées. SNV, une organisation humanitaire fondée en 1965 aux Pays-Bas, a notamment contribué à implanter de nombreuses unités domestiques de biométhanisation dans plusieurs pays en développement et les résultats observés sont remarquables.

Le biogaz, solution humanitaire accessible, viable et durable

D’emblée, la biométhanisation contribue de façon évidente à une économie circulaire car tout en produisant d’une part du biogaz afin de cuisiner, se chauffer et même s’éclairer, elle génère aussi du digestat pour fertiliser les futures récoltes et ce tout en permettant de réduire le gaspillage des matières organiques qui seraient autrement mises au rebut (déchets alimentaires, fumier d’élevage, etc.). On exploite ainsi totalement le potentiel biologique et énergétique des matières organiques non utilisées. De plus, comme la biométhanisation est un processus naturel relativement facile à reproduire à toute échelle, la mise en place de petits digesteurs anaérobies est accessible et sans nécessiter des investissements faramineux tels que ceux associés par exemple à l’implantation d’un réseau électrique ou gazier pour rallier une communauté isolée. On comprend ainsi facilement pourquoi la biométhanisation est une solution intéressante pour les pays en développement localisés dans des zones au climat relativement chaud et stable.

C’est pourquoi il n’est pas étonnant que l’organisation humanitaire SNV se soit lancée en biométhanisation en 1989 au Népal. Depuis, SNV est demeurée très active surtout en Afrique, en Asie et en Amérique latine afin d’améliorer significativement le niveau de vie des communautés bénéficiant de son appui. Ayant d’ailleurs participé directement à l’implantation de plus de 660,000 unités domestiques de biométhanisation dans plus de 20 pays, force est d’admettre que l’organisation joue un rôle crucial dans la démocratisation de l’usage du biogaz dans le domaine de l’aide humanitaire. Son implication exemplaire pour le biogaz humanitaire a notamment valu à SNV d’être parmi les quatre nominations au Zayed Future Energy Prize 2016. Sans avoir été lauréate, cette nomination vaut son pesant d’or considérant que plus de 1500 projets provenant de 97 pays différents étaient en lice.

L’avènement d’une industrie en Tanzanie

Un des pays ayant grandement profité de l’aide de SNV est la Tanzanie. SNV a participé à y mettre en place 12,000 digesteurs domestiques dont bénéficient plus de 70,000 tanzaniens. De plus, 10,000 digesteurs supplémentaires seront construits au cours de 2016-2017 dans le cadre du même programme qui est financé en partie par la Norvège, le Tanzania Domestic Biogas Programme (TDBP). Bien sûr, les bénéfices microéconomiques sur les communautés sont évidents, mais il importe aussi de mettre en lumière l’impact macroéconomique majeur du programme tanzanien tel que prévu depuis le début par les instigateurs. Le but principal du TDBP était de non seulement donner accès au biogaz aux tanzaniens dans le besoin, mais aussi de développer une industrie afin de maximiser la dispersion du biogaz domestique en Tanzanie et en faire un marché florissant. L’objectif s’accomplit efficacement considérant que plus de 60 entreprises tanzaniennes construisant des digesteurs ont déjà été créées, et tout indique que ce nombre va certainement augmenter.

Par conséquent, on ne peut que constater les bénéfices durables que peut engendrer la biométhanisation en ce qui concerne l’aide humanitaire et les pays en développement. Nécessitant peu de technologie comparativement à l’énergie solaire ou éolienne, il est évident que le biogaz présente les avantages nécessaires afin de se disséminer rapidement et efficacement au sein d’une économie précaire. Il est de plus encourageant de constater que plusieurs pays développés participent financièrement à ces projets humanitaires de grande envergure. Le Royaume-Uni vient d’ailleurs tout juste d’annoncer l’octroi de GBP 40 millions pour des projets d’agriculture, de production alimentaire et d’énergie propre qui pourraient très bien être des projets de biométhanisation comparables à ce qui a été réalisé en Tanzanie.

Finalement, maintenant que l’on sait que le biogaz est une solution humanitaire durable, il reste encore à le promouvoir auprès des populations et autorités occidentales pour qu’elles la supportent en vue de l’implanter au sein d’une économie circulaire optimale.

Par Simon Lefebvre | 2016-05-13

Sources: SNV Global [1, 2, 3, 4 (image)], The Anaerobic Digestion & Bioresources Association