De déchets non durables à une énergie durable

Par | 2016-07-20

La croissance de la population mondiale ne ralentira pas. Cette croissance est expliquée par de nombreux facteurs tels que l’avancement de la science, les meilleurs soins de santé, les innovations technologiques, l’urbanisation optimisée et croissante, etc. Cette croissance est plutôt positive, car elle agrandit le bassin potentiel de la coopération et de l’innovation des humains, mais elle est aussi quelque peu négative, compte tenu de la quantité croissante de matières résiduelles – plus particulièrement les déchets solides municipaux (DSM) – qui l’accompagne, sans oublier de nombreux autres problèmes environnementaux.

Par conséquent, il est essentiel que nous travaillions ensemble afin de développer et mettre en œuvre des solutions qui permettent de réduire les impacts environnementaux négatifs de notre mode de vie. D’autant plus qu’il est possible de passer de déchets non durables à une énergie durable avec des solutions et des alternatives respectueuses de l’environnement, telles que l’hydroélectricité, l’énergie éolienne, l’énergie solaire, le biogaz, la biomasse, la géothermie, etc. Il est d’ailleurs encourageant de constater que, de nos jours, toutes ces sources d’énergie propre intensifient continuellement leur présence.

Le développement durable est une triade cyclique qui doit avoir débuté quelque part

Même s’il est déjà largement documenté que notre mode de vie consumériste actuel a des impacts négatifs considérables sur notre environnement, le développement durable est encore le plus souvent considéré comme un choix plutôt qu’une nécessité par notre civilisation. Néanmoins, il semble qu’il s’agisse d’une nécessité évidente et pas exactement d’un choix.

Sinon, comment peut-on justifier de construire tout ce que nous construisons et avons construit si c’est pour le détruire à long terme?

D’autant plus que fondamentalement nous ne construisons pas seulement des choses matérielles comme des voitures, des édifices, des objets, etc. Avant tout, nous construisons des familles, des communautés, des sociétés, i.e. une civilisation. Et nous construisons tout ça au sein même de l’environnement qui nous accueille gracieusement.

Comme vous le savez probablement, le développement durable, tel que conceptualisé par la race humaine, repose sur une triade dans laquelle coïncide le développement durable des sphères de l’environnement, de la société et de l’économie:

  • L’environnement est l’endroit où toute personne/toute chose naît, vit, se développe, interagit, transige, passe, finit, disparaît, etc.;
  • La société s’est elle-même mise en place dans l’environnement car les humains sont essentiellement des animaux sociaux et fondamentalement faibles et vulnérables si laissés seuls dans la nature;
  • L’économie a été établie par la société pour fonctionner et se développer de manière plus efficace.

En effet, la triade du développement durable doit avoir débuté quelque part avant d’être engagée dans son cycle perpétuel, et le point de départ le plus plausible apparaît être l’environnement.

Le gaspillage est plus généralisé qu’on pourrait penser

Depuis des décennies, la société exploite vigoureusement les ressources de l’environnement, ainsi que sa capacité d’absorption naturelle. Entre autres choses, la société utilise des combustibles fossiles pour abattre des arbres afin de produire de la nourriture. Le passage suivant – plus éloquent cité que résumé – du rapport sur le Global Waste Management Outlook (GWMO), tel que publié en 2015 par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) en collaboration avec l’International Solid Waste Association (ISWA), dépeint précisément les conséquences directes et indirectes de notre façon actuelle de faire les choses:

“According to 2013 FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) estimates, approximately 1.3 billion tonnes of edible food – one third of the total produced for human consumption worldwide – is lost or wasted annually. This food, if turned into meals, would be sufficient to provide nutrition and an adequate basis for health and well-being for over 2 billion people – more than double the official FAO estimate of undernourished persons in the world.

Moreover, this loss means that both the resources used and the environmental impacts sustained by the climate, land, water, and biodiversity in order to produce this food have been for nothing. For example, the global GHG emissions related to wasted food were estimated at 3.3 Gtonnes of CO2 equivalent in 2007. This level of CO2 emissions would rank the wasting of food as the third largest ‘country’ in the world, surpassing every nation but the United States and China. The financial loss due to food wastage is about USD 750 billion based on producer prices alone.” *

D’après ces faits, et probablement parce que la triade du développement durable est cyclique et ses trois sphères directement liés, on peut affirmer que le gaspillage est déjà généralisé et affecte négativement l’économie, la société ainsi que l’environnement. Ainsi, le gaspillage généralisé doit être résolu en vue de rétablir une viabilité globale durable à long terme.

Le biogaz pour optimiser la gestion des DSM et réduire le gaspillage tout en exploitant son potentiel énergétique durable

Une bonne façon d’amoindrir une grande partie de ce gaspillage généralisé est le biogaz, obtenu par la biométhanisation des déchets organiques – déchets alimentaires, boues d’épuration, effluents d’élevage, etc. Fondamentalement, la biométhanisation permet l’exploitation du potentiel énergétique et fertilisant présent dans les déchets organiques, tout en réduisant la quantité de déchets organiques finalement jetés dans les sites d’enfouissement avec le reste des DSM.

La biométhanisation permet donc d’optimiser la gestion des déchets, d’en minimiser les coûts, de réduire les émissions de GES, et de réduire l’utilisation d’engrais chimiques en utilisant à la place du digestat, alors le biogaz offre une source renouvelable d’énergie alternative aux combustibles fossiles pour l’électricité, le chauffage et le transport.

Finalement, alors que l’économie a une emprise plus forte que jamais, la société a toujours la possibilité de décider si le gaspillage généralisé devrait continuer à nuire globalement à la triade du développement durable, ou s’il peut être utilisé pour favoriser le rétablissement de son sain équilibre. Les déchets organiques renferment un énorme potentiel énergétique durable en attente d’être exploité et qui, en particulier à long terme, pourrait grandement bénéficier l’environnement et la société, ainsi que l’économie.

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* United Nations Environment Programme (2015). Global Waste Management Outlook, p. 114.

Sources: Renewable Energy World, Gaz Métro, Nature