Perspectives du gaz naturel liquéfié comme carburant marin

Par | 2017-07-18

Le gaz naturel liquéfié comme carburant marin : la meilleure solution aux exigences environnementales

Le transport maritime contribue de façon significative aux émissions atmosphériques. Pour pallier ce problème, l’Organisation maritime internationale a fixé de nouvelles normes environnementales plus strictes en matière d’émissions de gaz à effet de serre visant le transport maritime. Au Canada, la réglementation obligera les navires à réduire la teneur en soufre de leurs émissions dès 2020.

Après avoir longtemps été considéré comme une simple modalité utilisée pour de gros transporteurs qui parcourent de grandes distances, le gaz naturel liquéfié est devenu un carburant marin très prometteur au Canada et dans le monde. À l’heure actuelle, le GNL constitue l’une des meilleures alternatives pour les armateurs, de par ses atouts environnementaux et ses avantages économiques importants.

L’utilisation du gaz naturel liquéfié comme carburant pour les navires permet d’atteindre et de surpasser les normes environnementales actuelles sur les rejets atmosphériques. En effet, il n’émet pratiquement pas de polluants atmosphériques ni de particules fines, tout en permettant de réduire jusqu’à 25 % les émissions de GES comparativement au diesel marin.

De plus, il ne présente pas de danger pour l’environnement. Les technologies requises pour utiliser le GNL comme carburant marin sont éprouvées et présentes sur le marché, notamment des moteurs biocarburants et des moteurs alimentés uniquement au gaz naturel plus silencieux qui conviennent à de nombreux types de navires côtiers et hauturiers.

Le bio-GNL, une ressource d’avenir 100% renouvelable

On a de plus en plus recours à une ressource « verte » en plein essor : le bio-GNL (biométhane liquéfié), produit à partir de déchets organiques (agricoles, agroalimentaires, ménagers, boues de stations d’épuration, etc.).

Les usines de biométhanisation peuvent produire du biométhane liquéfié pour les mêmes usages que le GNL mais en n’émettant aucune particule fine et en réduisant les gaz à effet de serre de 90% plutôt que de 25%. Produit localement, le bio-GNL contribue à rendre les territoires plus autonomes énergétiquement et à développer une économie circulaire.

Plusieurs se sont déjà lancés dans le bioGNL à travers le monde dont Gasrec au Royaume-Uni, Göteborg Énergie à Lidköping en Suède, BIOGNVAL en France, Rivière-du-Loup avec sa première station d’approvisionnement publique au biométhane liquéfié, l’usine chimique Chryso de Sermaises, ou encore Wärtsilä en Norvège.

 

Le GNL dans la stratégie maritime du Canada

Publié en 2014, le rapport Liquefied Natural Gas: A Marine Fuel for Canada’s West Coast (Le gaz naturel liquéfié : un carburant marin pour la côte ouest-canadienne), met en évidence les avantages de l’utilisation du gaz naturel liquéfié (GNL) comme carburant économique et écologique pour le secteur maritime canadien. Selon le rapport, toutes les technologies nécessaires à l’utilisation du GNL comme carburant marin sont éprouvées et commercialement accessibles.

« Le Canada a un avantage considérable en matière de ressources de gaz naturel, a déclaré Alicia Milner, présidente de l’Alliance canadienne pour les véhicules au gaz naturel et présidente du comité directeur du projet. Le fait de permettre au secteur marin d’accéder au GNL est un geste intelligent et stratégique pour le Canada. La Colombie-Britannique est en excellente position pour devenir une destination nord-américaine privilégiée pour l’avitaillement en GNL et Port Metro Vancouver pour devenir un chef de file à cet égard. »

Selon un scénario d’adoption, l’exploitation de 150 navires au GNL sur la côte ouest d’ici 2025 se traduirait par une nouvelle demande équivalant à 8,5 % du gaz naturel utilisé en Colombie-Britannique en 2012.

 

Premier navire du Groupe Desgagnés alimenté au GNL à Québec : le N/C Damia Desgagnés

Mis à l’eau en 2016, le N/C Damia Desgagnés, est le tout premier navire de Groupe Desgagnés pouvant être avitaillé en gaz naturel liquéfié (GNL). Précurseur de sa catégorie pour le développement de la filière du GNL comme carburant dans le secteur maritime au Québec et au Canada, le Groupe Desgagnés possède actuellement quatre navires répondant aux normes environnementales strictes.

 

GNL en bateau avec Gaz Métro

Le 18 mai 2017, dans l’objectif d’opter pour un carburant moins émissif, Gaz Métro et le Port de Montréal annonçaient l’accessibilité au Port de Montréal d’une solution d’approvisionnement en GNL comme carburant marin.

Groupe Desgagnés, Gaz Métro et le Port de Montréal ont joint leurs efforts pour développer un système d’approvisionnement en GNL qui sera exploité par une filiale de Gaz Métro. Ce système sera disponible pour l’ensemble des armateurs au Québec. Les systèmes d’approvisionnement en GNL sont sécuritaires et flexibles, et ils ont fait leurs preuves à l’étranger. Cette première québécoise contribue à la mise en place d’un transport maritime plus propre.

Actuellement, au Québec, outre le N/C Damia Desgagnés, la Société des traversiers du Québec opère aussi un traversier alimenté au GNL, le F.-A. Gauthier, qui est le premier navire en Amérique du Nord à utiliser du gaz naturel liquéfié. Ce n’est qu’un début : les deux organisations ont commandé d’autres navires alimentés au GNL.

 

Le développement du GNL comme carburant marin en Europe

En Europe, l’adoption d’une Directive européenne a établi dès 2015 des limites de teneur en soufre des carburants marins à 0.1% dans des zones spécifiques dites SECA (Sulfur Emission Control Area) et 0,5% pour l’ensemble des autres eaux européennes en 2020.

Elle fixait également des normes liées aux Nox beaucoup plus strictes pour les nouvelles constructions. Cette directive ambitieuse positionne le GNL comme la meilleure solution pour les navires qui devront se mettre en conformité avec cette directive.

Une plateforme interprofessionnelle pour développer l’utilisation du gaz naturel renouvelable comme carburant marin

Le déploiement du GNL comme carburant marin s’inscrit dans le cadre de la loi de transition énergétique actuelle fixée par la Commission européenne, qui promeut le développement des transports propres pour améliorer la qualité de l’air et protéger la santé des Français.

L’association française du gaz (AFG) a annoncé mercredi 19 avril 2017 la création, avec les autres acteurs de la filière, d’une plateforme interprofessionnelle pour développer l’utilisation du GNL carburant marin en France. Elle regroupe de nombreux acteurs de la filière : ports, armateurs, fournisseurs d’énergie, opérateurs, équipementiers, ingénieristes.

« Il apparaît ainsi comme le meilleur moyen de répondre aux objectifs ambitieux de réduction des émissions du secteur maritime mis en place par l’Union européenne et également portés par l’Organisation maritime internationale », poursuit l’AFG.

Combien de navires dans le monde ?

Si le GNL connaît un certain succès auprès des armateurs, on ne compte aujourd’hui qu’une soixantaine de navires équipés à travers le monde. On prévoit que ce nombre, à l’horizon 2020, pourrait dépasser le millier de navires.

Actuellement, la grande majorité des navires alimentés au GNL dans le monde sont en Norvège. Cependant, des navires de liaisons côtière ou fluviale utilisant le GNL comme carburant marin se retrouvent dans d’autres pays européens comme le Danemark, la Suède, la Finlande, les Pays-Bas, la Belgique, et l’Allemagne.

Le gaz naturel liquéfié comme carburant marin: Graphiques sur le nombre de bateau en exploitation par type et le développement global

Le gaz naturel liquéfié comme carburant marin: Graphique sur le développement d'une flotte alimentée au GNL

Quels enjeux pour faire émerger le GNL dans le secteur maritime ?

Selon le Bureau de Promotion du Shortsea Shipping en France, la filière du GNL comme carburant marin a besoin d’un soutien actif des pouvoirs publics sur les plans social, technique, financier et réglementaire.

La filière a aussi besoin d’une véritable coopération entre les acteurs (armateurs, ports, fournisseurs, etc.). D’ailleurs, le consortium SEA/LNG, lancé en juillet 2016, vise à réunir les principaux acteurs de la filière pour lever les barrières liées au développement du GNL comme carburant marin.

« C’est une coalition forte combinant l’expertise des propriétaires de flottes, des installations portuaires et des experts en énergies. En travaillant ensemble, nous souhaitons lever les freins et accélérer l’adoption du GNL comme carburant marin » a déclaré Timo Koponen, Vice-Président de Wärtsilä.

 

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Sources

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