Collecte des matières organiques dans ma municipalité: Quelle solution choisir?

Par | 2018-04-30

Plus que jamais, la gestion des matières organiques dans les municipalités devient un enjeu important. En effet, plusieurs gouvernements adoptent des cibles de réduction des déchets organiques ou bannissent ce type de matières des sites d’enfouissement. Au Québec, par exemple, la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles interdira l’élimination des matières organiques d’ici 2022. De plus, l’Union européenne a donné comme objectif à ses municipalités membres de recycler au moins 65 % de leurs matières résiduelles d’ici 2035 et de limiter à 10 % leur quantité de déchets enfouis. Les municipalités doivent donc trouver des solutions pour optimiser la collecte des matières organiques et leur traitement. Une autre bonne raison pour le faire: celles-ci comptent pour jusqu’à 40% de toutes les matières résiduelles municipales. Toutefois, ce type de projets peut rapidement devenir complexe à mettre en œuvre puisque les municipalités doivent prendre en compte plusieurs facteurs. Établir une bonne gestion des déchets organiques peut aussi comporter plusieurs avantages pour les municipalités. Voici les solutions actuellement offertes et des exemples de réussite dans le monde dans ce secteur.

 

Collecte en porte-à-porte

La collecte en porte-à-porte est une méthode pratique pour les municipalités et répandue parmi celles-ci. Les citoyens doivent déposer leurs matières organiques dans un bac ou dans un sac, mélangées aux autres déchets ou non.

Cette méthode de gestion des matières organiques dans les municipalités favorise la participation des citoyens et la récupération puisqu’elle est facile à appliquer. Selon Environnement Canada, le taux de réacheminement des matières organiques peut atteindre 75 % et le taux de participation, 80 à 90 %. Voici les différents types de collecte en porte-à-porte ainsi que leurs avantages et leurs inconvénients.

 

Collecte à 2 voies

La collecte à 2 voies permet aux citoyens de mettre dans le même contenant leurs matières organiques et les autres déchets. Une autre méthode consiste à déposer les matières organiques dans un sac distinct qu’ils déposeront dans le bac à déchets. L’ensemble des déchets est ramassé au même moment.

Avantages :

  • Moins d’efforts du citoyen
  • Coûte moins cher lors de l’implantation par rapport à la collecte à 3 voies
  • Meilleure récupération des matières organiques

Inconvénients :

  • Tri des matières organiques nécessaire avant le traitement par une chaîne de tri, des robots intelligents, des systèmes optiques, ou des systèmes mécaniques
  • Contamination des matières organiques plus élevée
  • Triage et traitement coûtent plus cher
  • Résultat parfois inégal des technologies émergentes offertes
  • Moins grandes possibilités de valorisation de la matière

 

Collecte à 3 voies

La collecte à 3 voies est probablement la méthode de gestion des matières organiques dans les municipalités la plus courante. Les citoyens doivent trier leurs déchets organiques à la source, puis les déposer dans un bac réservé à cet effet. Le bac pour les matières organiques et celui pour les autres déchets sont ainsi ramassés séparément.

Avantages :

  • Meilleure qualité des matières récupérées
  • Moins de matières dangereuses retrouvées
  • Possibilités plus grandes de valorisation des matières organiques Citoyen est plus sensible à sa production de déchets

Inconvénients :

  • Plus d’efforts requis pour le citoyen
  • Coûts plus élevés pour la collecte
  • Complexe à mettre en œuvre

 

Collecte par apport volontaire

Certaines municipalités choisissent d’offrir soit un ou deux lieux de dépôt des matières organiques centraux ou plusieurs points de service répartis sur son territoire. Elles combinent parfois aussi ces deux options. Les citoyens peuvent apporter leurs matières organiques à l’un de ces endroits prédéterminés, après en avoir fait le tri.

Avantages :

  • Coûts moins élevés

Inconvénients :

  • Plus d’efforts requis pour les citoyens
  • Plus de sensibilisation auprès des citoyens
  • Augmentation de la fréquence de collecte nécessaire pour éviter les odeurs et la présence d’animaux
  • Moins répandue que les autres solutions offertes
  • Pour les plus petites municipalités

 

Comment bien planifier la collecte et la gestion des matières organiques dans les municipalités?

Vous devez prendre en compte une multitude de facteurs pour vous assurer d’optimiser votre collecte des matières organiques. Une planification rigoureuse est nécessaire pour le succès et l’efficacité du projet. Vous pouvez consulter le Guide pour les options de collecte rédigé par Recyc-Québec et le Guide technique d’Environnement Canada sur la gestion des matières organiques dans les municipalités.

Mentionnons, par exemple, des facteurs comme :

  • La fréquence de collecte choisie par rapport à celle pour les déchets
  • Le choix de la technologie pour le tri des matières organiques et leur traitement
  • Le type et le format du contenant pour la collecte
  • Le type de matières organiques acceptées et refusées
  • Les coûts du projet et les moyens de financement
  • La distance à couvrir pour transporter les déchets organiques
  • Les ressources disponibles pour faire de la sensibilisation auprès de la population et pour la communication de l’information
  • Les nuisances possibles associées au projet, comme la présence d’odeurs et d’animaux

Vous pouvez également prévoir une méthode de valorisation des matières organiques collectées, puis traitées. Le plus souvent, les municipalités choisissent de faire appel au compostage ou à la biométhanisationun procédé permettant de donner une deuxième vie aux déchets organiques. Grâce à leur valorisation, elles peuvent, par exemple, produire une énergie plus verte pour se chauffer ou se déplacer et un compost utile pour les agriculteurs ou les terrains des citoyens.

Ces méthodes de valorisation exigent divers équipements et, ainsi, des investissements importants. Si vous souhaitez les implanter dans votre municipalité, vous devez donc en prendre compte. Toutefois, certaines municipalités choisissent de partager une même usine de biométhanisation ou de diviser entre elles les coûts qui y sont associés. Le potentiel de valorisation de la matière organique collectée dépend de sa qualité et de son taux de contamination.

 

Avantages d’une bonne gestion des matières organiques pour une municipalité

Mettre sur pied un système de gestion des matières organiques efficace permet certes aux municipalités de se plier aux politiques gouvernementales actuelles. Les avantages offerts vont toutefois bien au-delà de l’obligation.

Comptons, par exemple :

  • La durée de vie prolongée du site d’enfouissement
  • La réduction des émissions de gaz à effet de serre dégagés par la production de méthane lors de l’enfouissement de matières organiques
  • Une meilleure qualité de vie pour la population, car la quantité de polluants dans l’air et le sol diminue
  • La création d’emplois directs et indirects associés à la gestion des déchets
  • Le potentiel de rendre la municipalité plus verte grâce à l’utilisation d’énergie renouvelable ou de compost créés à partir des matières organiques

Votre municipalité bénéficierait donc sans aucun doute de l’implantation d’un programme de collecte des matières organiques.

 

Des exemples de succès dans le monde

Partout dans le monde, les municipalités et des villes cherchent des moyens de bien gérer leurs matières résiduelles. Les bonnes idées et les exemples de succès sont nombreux. En voici quelques-unes :

 

  • Des robots de tri à Delano, Minnesota

L’entreprise québécoise Waste Robotics a mis au point des robots pour le tri des matières organiques grâce à l’intelligence artificielle. Le principe est simple : les citoyens déposent leurs matières organiques dans un sac, puis les mettent parmi les autres déchets, dans le bac. Une fois au centre de tri, les robots repèrent automatiquement les sacs et séparent les matières organiques du reste. La ville de Delano, où cette technologie a été implantée, profite aujourd’hui d’une solution moins coûteuse et moins polluante que les bacs pour les matières organiques.

 

  • Zéro enfouissement de déchets en Allemagne

En Allemagne, la quantité de déchets éliminés dans les sites d’enfouissement atteignait seulement 1 % en 2015. On peut donc affirmer que leur stratégie de gestion des matières organiques connait du succès! Les moyens utilisés? Le tri à la source, la collecte séparée des différentes matières, des subventions pour encourager les entreprises à faire des produits durables générant moins de déchets, les frais payés par livre de déchets produits, entre autres.

 

  • La biométhanisation en Montérégie, Québec

Les municipalités d’Acton et des Maskoutains, en Montérégie, ont obtenu un taux de récupération des matières organiques de 65 % dès la première année. Pour ce faire, elles ont implanté la collecte à 3 voies sur leur territoire. Parmi les stratégies gagnantes, on compte : un solide plan d’implantation, un système de collecte accessible à la population, la réduction de la fréquence de collecte des déchets et l’augmentation des coûts de l’enfouissement des matières résiduelles. Dès 2014, elles ont envoyé leurs déchets organiques à l’usine de biométhanisation de Saint-Hyacinthe pour favoriser sa valorisation.

N’hésitez pas à vous inspirer de leurs solutions pour élaborer la vôtre!

 

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Plusieurs municipalités et villes ont complété leur stratégie de gestion des matières organiques par la construction d’une usine de biométhanisation. Ce choix leur permet d’augmenter la part d’énergie renouvelable utilisée et de bénéficier d’un type de fertilisant riche pour leurs terres agricoles. C’est une façon de recycler une matière autrement enfouie et inutile pour en faire une ressource précieuse tout en protégeant l’environnement.

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