Gaz naturel renouvelable : Un marché en pleine croissance au Canada

Par | 2017-11-07

Le gaz naturel renouvelable (GNR) est un puissant levier pour lutter contre le changement climatique. Il émet jusqu’à 85 % de moins de gaz à effet de serre que les combustibles fossiles traditionnels.

Le GNR est produit par la transformation des matières organiques fermentescibles issues de divers secteurs (agricole, industriel, déchets de restauration, de collectivités, etc.). Le biogaz issu de ce processus de digestion anaérobie peut être valorisé par combustion sous forme de chaleur et d’électricité. S’il est épuré jusqu’à atteindre la qualité du gaz naturel, on l’appelle alors « biométhane » ou « BioGNV » lorsqu’il est utilisé comme carburant.

Le gouvernement du Canada investit dans le gaz naturel renouvelable

Au Canada, le potentiel du gaz naturel renouvelable produit à partir des matières résiduelles suscite un intérêt croissant comme moyen pour réduire les émissions de carbone.

En mars 2017, le gouvernement du Canada annonçait investir dans la production de gaz naturel renouvelable. Le ministre des Ressources naturelles du Canada a annoncé l’octroi de 800 000 $ à la société G4 Insights Inc. « pour la mise au point d’une technologie permettant la conversion des déchets en un GNR qui peut être distribué au moyen des gazoducs déjà en place au Canada. »

Feuille de route technologique sur le gaz naturel renouvelable (GNR) pour le Canada

CanmetÉNERGIE, avec la participation de grands experts de GNR de partout au Canada, présente une feuille de route technologique sur le gaz naturel renouvelable. La rapport rend compte de la situation actuelle du marché du GNR au Canada. Il propose une vision afin d’établir un secteur du GNR viable au Canada et explore les voies pour y parvenir.

Intégrer le GNR dans le réseau s’avère difficile. Selon le rapport, les coûts initiaux sont plus élevés que ceux des technologies et des entreprises existantes, les marchés demeurent incertains et la route du succès n’est pas clairement définie.

« Actuellement, le gaz naturel renouvelable n’est pas reconnu et, s’il devait l’être, son interchangeabilité avec le gaz naturel permettrait à l’industrie de devenir un important adhérent et un élément moteur de développement du GNR au Canada. »

Le rapport indique que l’industrie du GNR est engagée et travaillera de concert pour atteindre la vision du plan du GNR, laquelle est : « D’ici 2020, le Canada aura un marché du GNR pleinement établi qui répond aux besoins en énergie des Canadiens, soutient la croissance et l’innovation des entreprises et offre une solution aux problèmes liés aux déchets et aux émissions de GES. »

Pour atteindre cette vision, le plan d’action technologique formule les recommandations suivantes :

  • Développer des politiques publiques pour stimuler le marché
  • Collaborer et investir dans des solutions axées sur la technologie
  • Fournir de l’information aux intervenants clés et les sensibiliser
  • Établir les règles et les normes nécessaires entre les entreprises de services publics et les producteurs
  • Explorer l’utilisation du gaz naturel renouvelable pour les véhicules

La production potentielle de GNR du Canada

Au cours des 25 dernières années, des sommes considérables pour la production d’énergie renouvelable sous la forme de GNR ont été investies par les gouvernements et l’industrie. Toutefois, des efforts ciblés manquent pour l’exploitation de l’énergie renouvelable malgré le potentiel du GNR pour le Canada.

Selon les estimations de l’étude « Potential Production of Methane from Canadian Wastes », le potentiel canadien équivaut à 1 300 milliards de pieds cubes (mpc) par année. Le potentiel est légèrement supérieur à la consommation annuelle actuelle de gaz (2 500 mpc/année) au Canada.

Le rapport souligne que la gazéification offre la possibilité de produire la majorité du GNR au Canada (84 p. 100 du total), tandis que la digestion anaérobie offre la possibilité de produire 16 p. 100 du total.

Le plus grand potentiel pour le développement du GNR au Canada se trouve en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec en raison principalement de leurs grandes ressources de biomasse.

Potentiel pour le gaz naturel renouvelable au Canada

Projets canadiens liés au GNR

Malgré le fort potentiel de production de GNR au Canada, le nombre de projets en cours demeure limité. Il y a un manque de sensibilisation et les coûts initiaux liés aux premières étapes de la mise en valeur du GNR au Canada sont élevés.

Certaines entreprises de gaz canadiennes, telles que Fortis BC, distribuent déjà du gaz naturel renouvelable à leurs clients. D’autres entreprises ont demandé l’autorisation d’intégrer le GNR à leur système de distribution.

Le projet de Berthierville a été le premier à commencer l’exploitation au Canada et injecte actuellement du GNR dans le gazoduc TransQuébec-Maritimes au Québec.

Le Fraser Valley Biogas à Abbotsford combine la digestion anaérobie et le traitement du biogaz pour produire du GNR principalement à partir de déchets agricoles.

Principal distributeur de gaz naturel au Québec, Gaz Métro a installé la première station canadienne de ravitaillement en biométhane liquéfié pour camions. La station reçoit du carburant provenant de biogaz purifié extrait des sites locaux d’enfouissement des déchets et de l’usine de biométhanisation. La production annuelle de biométhane de Rivière-du-Loup est à environ 3 millions de m3, ce qui permet une économie de gaz à effet de serre de plus de 7 000 tonnes. L’entente d’approvisionnement est d’une durée de 20 ans.

Plusieurs municipalités et entreprises privées au Canada envisagent également d’avoir recours au gaz naturel renouvelable comme carburant pour les véhicules (GNV). Par exemple, depuis 2014, la Ville de Surrey, en Colombie-Britannique, utilise du biométhane produit à partir des déchets municipaux comme carburant pour ses camions à ordures. Depuis 2013, EBI, une entreprise québécoise privée de collectes de déchets, met à la disposition de la population un réseau de stations publiques de ravitaillement au gaz naturel comprimé renouvelable, et utilise du biométhane pour 45 camions.

Canada Liste de projets liés au gaz naturel renouvelable

Pour en savoir davantage sur le plan d’action technologique du gaz naturel renouvelable, les possibilités en matière de gaz naturel renouvelable au Canada et les difficultés pour réaliser le potentiel du marché, lire le document : Feuille de route technologique sur le gaz naturel renouvelable pour le Canada

Pour en savoir plus sur le développement du GNR en Ontario, lire le document Renewable Natural Gas Developments in Ontario: An Evolving Outlook.

Le gaz naturel renouvelable au Québec

Le Québec veut développer rapidement la filière des biocarburants. En juin 2017, le gouvernement du Québec a annoncé un règlement qui établit à 5% la teneur en gaz naturel renouvelable que les distributeurs de gaz naturel du Québec doivent injecter dans leur réseau de distribution. La date cible fixée par le Plan d’action pour la politique énergétique de 2030 est 2020.

Le Plan d’action prévoit également soutenir financièrement les projets RNG pour atteindre l’objectif de RNM de 50 Mm3 d’ici 2020 par rapport à 2016.

Un seuil minimal pour les biocarburants

Selon le ministre des Ressources naturelles et de l’Énergie du Québec, Québec devrait imposer un seuil minimal – au moins 2% – pour les biocarburants vendus dans la province.

Cette mesure favorisera le projet de bio raffinerie à La Tuque, en Mauricie, mais aussi les biocarburants de Gaz Métro.

Mais selon Neste, un leader mondial dans la production de biocarburants et partenaire pour le projet de La Tuque, « il faut que la loi québécoise garantisse que les biocarburants représentent un minimum de 10% des carburants vendus au Québec », a déclaré le dirigeant de la finlandaise Neste.

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