L’acceptabilité sociale : pour un projet de biogaz soutenu par la population

Obtenir l’acceptabilité sociale d’un projet de biogaz, c’est l’art de faire accepter son projet par la population vivant sur le territoire d’accueil. C’est l’habileté de collaborer avec les acteurs locaux et de poser des actions concrètes pour atténuer leurs inquiétudes par rapport à la biométhanisation. C’est miser sur la rentabilité, l’efficacité et le maintien du bien-être de la communauté lors de l’implantation du projet. La qualité de vie devient, pour le citoyen, une préoccupation centrale. La peur de voir celle-ci se dégrader après l’implantation d’un projet de biogaz entraîne parfois une forte opposition de la population. Le secret, pour le développeur de projet : une planification rigoureuse, une communication continue commencée le plus tôt possible avec les communautés d’accueil, et la bonne solution technique.

Pourquoi rechercher l’acceptabilité sociale d’un projet de biogaz auprès de la population?

Rechercher l’acceptabilité sociale de la population a plusieurs avantages pour le développeur et les communautés. Tout d’abord, le développeur de projet économise beaucoup de temps et d’argent en tenant compte, dès le début, des inquiétudes des citoyens et de leurs perceptions des inconvénients en biométhanisation.

En effet, la controverse suscitée par le projet et la gestion des correctifs successifs à y apporter viennent avec un coût très élevé pour le développeur. Pour leur part, les citoyens ont besoin de se sentir écoutés et de mieux comprendre ce qui découle du processus de biométhanisation.

Ils souhaitent collaborer à une démarche transparente et être informés clairement à chaque étape du projet. C’est important, pour la population, de percevoir qu’un projet de biométhanisation implanté sur leur territoire entraînera des impacts positifs pour eux autant que pour le développeur.

Pour en savoir plus, jetez un coup d’œil à notre article sur les bénéfices du biogaz pour la population.

Inquiétudes de la population sur les projets de biogaz

La population possède certaines inquiétudes sur les projets de biogaz, ce qui peut nuire à son acceptabilité sociale. Celles-ci sont souvent alimentées par les controverses faisant la une des journaux et la complexité à comprendre le processus de digestion anaérobie.

Pour ces raisons, le rôle du développeur de projet est d’être à l’écoute des questions, de maîtriser tous les pans du projet et de les vulgariser en termes compréhensibles. Voici les inquiétudes des citoyens qui suscitent le plus d’opposition de leur part et quelques solutions correspondantes.

Les odeurs

L’une des préoccupations les plus courantes des citoyens concerne les odeurs que pourrait dégager l’installation de biométhanisation implantée dans leur communauté. Elle prend racine dans le type de matières généralement traitées par ces projets, soit, entre autres, le fumier ou les déchets organiques, perçues comme odorantes.

Le procédé de biométhanisation consiste à faire fermenter la matière dans un milieu hermétique sans oxygène. Cette matière organique devient donc inodore, contrairement à celle qui a été dégradée à l’air libre ou non fermentée.

Toutefois, des odeurs peuvent survenir pendant le transport, le stockage, le chargement et le déchargement des matières à traiter. Les développeurs de projet doivent donc porter une attention particulière à cet enjeu.

Réduire le risque d’odeurs d’un projet de biométhanisation

Pour réduire le risque d’odeurs provenant d’une installation de biométhanisation, le développeur doit penser minutieusement la conception et la planification du projet. Ainsi, il obtiendra davantage l’acceptabilité sociale du projet de biogaz ou méthane.

Principes à retenir pendant la planification et la conception du projet

Voici quelques exemples de principes à suivre :

• Choisir de façon stratégique le lieu où sera implanté le projet de méthanisation :

Il doit se trouver près de la source des matières résiduelles à traiter pour réduire le trafic routier tout en demeurant à distance des habitations des citoyens, par exemple.

• S’assurer de l’étanchéité de certains équipements :

Les camions transportant les matières, le hangar de chargements et déchargements sur les lieux et les bâtiments de stockage et de prétraitement, par exemple, doivent être construits de façon à ce que les déchets ne soient pas en contact avec l’air.

• Effectuer à la fois une évaluation initiale de l’air ambiant dès l’étape de la construction et un suivi des odeurs dégagées par le projet :

Grâce à certaines technologies, à une étude d’impacts et un plan de gestion des odeurs, entre autres, le développeur pourra établir un niveau de référence et planifier les solutions ou les technologies les mieux adaptées pour limiter les odeurs.

Solutions techniques pour prévenir et réduire les odeurs de la méthanisation

D’autres solutions techniques peuvent être prévues dans la conception du projet de biogaz pour prévenir les odeurs nuisibles. Le développeur de projet peut également les appliquer pour corriger des problèmes d’odeurs survenant après la construction des installations.

Parmi celles-ci figurent :

• Le jury de nez

Il fait un état des lieux initial des odeurs à certains endroits stratégiques. Il tient compte de facteurs comme l’origine des odeurs perçues, leurs niveaux d’intensité et leur caractère continu ou intermittent.

• Les nez électroniques

De plus en plus utilisée, cette technologie permet de faire une évaluation initiale des odeurs et un suivi continu après la construction de l’installation de biométhanisation. Le développeur peut donc optimiser son projet.

• Le lavage en solution

C’est une technique pour traiter l’air et, notamment, y enlever les odeurs nuisibles. Une solution, l’eau par exemple, fera passer les composants chimiques dégageant les odeurs de la phase gazeuse à la phase liquide en les absorbant.

• Les biofiltres

Cette technique est de type biologique, c’est-à-dire qu’elle traite les odeurs grâce à des micro-organismes. En effet, ce traitement consiste à forcer le passage du gaz dans un matériau de garnissage comme la tourbe ou le compost.

Source: Fonctionnement du biofiltre, ATEE

• Les produits neutralisants

Les produits neutralisants pour les odeurs sont une technique d’appoint à utiliser en cas d’émissions odorantes inévitables ou accidentelles. Ces produits permettent de dissoudre les molécules responsables des odeurs à l’aide de procédés chimiques ou de l’adsorption.

Pour en apprendre davantage sur les principes de gestion des odeurs, consultez le Guide de bonnes pratiques pour les projets de méthanisation de l’Association Technique Énergie Environnement (ATEE) [PDF, français, 3674 ko].

L’impact sur le paysage

Les préoccupations de la population par rapport aux projets de méthanisation touchent aussi ses impacts sur le paysage local et l’aspect plus industriel qu’il lui donne. Les développeurs doivent prendre en considération l’intégration visuelle de l’installation dans le paysage environnant pour améliorer l’acceptabilité sociale du projet de biométhanisation.

En plus de recourir à un architecte et de vérifier les réglementations pertinentes, le développeur peut, notamment :

• Choisir les lieux de l’implantation de l’installation selon le relief du paysage
• Enfouir partiellement les cuves de stockage ou des digesteurs
• Ajouter des haies d’arbre ou autres types de végétation autour des lieux de l’installation
• Anticiper les développements futurs de l’installation.

Le trafic routier

L’une des inquiétudes principales de la population sur les projets de biogaz concerne la hausse du trafic routier. Généralement, le nombre de passages de camions pour un projet fournissant 2500 foyers de 4 personnes se situe seulement autour de 10 véhicules par jour travaillé.

Toutefois, le développeur doit optimiser la gestion du trafic routier généré par le projet lors de la phase de planification. Il doit, par exemple :

• Adapter les horaires et les trajets des camions pour éviter les heures de pointe et les quartiers résidentiels plus fréquentés.
• S’assurer que les camions respectent les règlements de sécurité
• Réduire les distances de transport des matières résiduelles qui se dirigent vers l’installation de biométhanisation et des résidus en ressortant
• Diminuer le nombre d’aller-retour quotidiens des camions. Par exemple, un camion venant décharger ses matières peut ensuite repartir avec un chargement de résidus traités.

Le bruit

Les communautés d’accueil d’un projet de biométhanisation craignent également de subir une augmentation du niveau de bruit ambiant, ce qui constitue un frein à son acceptabilité sociale. Cette préoccupation est généralement associée au transport des matières résiduelles par camion ou au fonctionnement des moteurs de cogénération de l’installation.

Le développeur peut poser plusieurs actions en planifiant son projet de biométhanisation. Notons, par exemple :

• Se procurer des camions respectant les règlements qui limitent les émissions sonores
• Choisir un camion ayant un moteur avec caisson d’insonorisation
• Installer le moteur de cogénération dans un caisson d’insonorisation
• Lancer une étude acoustique pour mieux cerner les mesures nécessaires pour respecter les normes sonores des règlements.

Planifier un projet de biométhanisation en communiquant mieux avec la population

Pour faire accepter un projet biogaz par la population et d’autres acteurs locaux, le développeur doit établir la communication avec eux dès les premières études et la planification. Cette façon de faire vise, notamment, à :

• mieux comprendre les inconvénients perçus du biogaz par la communauté
• à mettre l’accent sur les avantages qu’il leur offrira
• à adapter le projet au fur et à mesure des démarches selon l’accueil reçu, les suggestions apportées et les objections anticipées par le développeur, au besoin.

Le plus tôt le développeur entame une communication avec les acteurs, mieux le projet pourrait être accepté par eux. En effet, une communication tardive pourrait ouvrir la porte à des sources tierces, avec de bonnes intentions ou non, diffusant une information altérée.

Source : ATEE

Une analyse sur l’acceptabilité sociale compare la planification d’un projet de biogaz à un processus de négociation et de compromis. Les participants peuvent comprendre le développeur, les communautés, les partis obligatoirement consultés ou autres.

Comment bien informer la communauté sur un projet biogaz?

Certains principes peuvent aider le développeur de projet biogaz à bien communiquer avec la communauté et à établir un dialogue afin de renforcer l’acceptabilité sociale. Le but est de développer une relation de confiance et de transparence avec la population et les acteurs locaux.

Voici quelques principes à appliquer :

• Bien connaître les enjeux du territoire et les acteurs locaux

Bien connaître les enjeux du territoire touchant au projet aidera le développeur à identifier les préoccupations majeures, les partis qui pourraient influencer le projet, les meilleurs moyens pour communiquer avec la communauté et autres.

• Exposer clairement sa démarche, ses motivations et la technologie utilisée

Le développeur de projet doit vulgariser le processus de biométhanisation. Il peut accompagner ses explications de schémas, de statistiques, de chiffres pour rendre sa démarche concrète. La méthanisation est un processus complexe souvent inconnu de la population.

• Tisser des liens avec des partenaires locaux

En effet, les partenaires locaux peuvent aider le développeur à planifier son projet de méthanisation et ses démarches de communication avec la communauté. Ils ont une excellente connaissance des enjeux locaux.

• Nourrir un dialogue sincère et ouvert

Le développeur ne doit pas nécessairement prendre en compte toutes les préoccupations formulées. Toutefois, il doit faire preuve d’écoute, de compréhension et de clarté, et proposer des solutions réalistes.

Pour en savoir plus sur cet aspect complexe de l’acceptabilité sociale, consultez le guide de bonnes pratiques en méthanisation de l’ADEME [PDF, français, 3674 ko] ou le guide pour les promoteurs de biogaz de la Commission européenne [PDF, anglais, 1379 ko].

Jetez également un coup d’œil à notre Guide de développement afin de mieux planifier votre projet.

Quels moyens de communication choisir?

Le développeur de projet dispose de plusieurs moyens de communication pour obtenir l’acceptabilité sociale de son installation de biométhanisation. Le choix du bon moyen dépendra des besoins de chaque communauté.

Parmi les moyens de communication les plus utilisés, on compte, entre autres :

• Les visites d’installations de biométhanisation en activité
• Les journées portes ouvertes
• Le porte à porte
• Le site Web du projet
• La consultation publique
• Les relations médias
• Les publications sur papier

Source : ADEME

BiogasWorld : un partenaire d’affaires

BiogasWorld est un acteur actif de l’industrie de biométhanisation. De par son rôle d’accélérateur de projets et d’intermédiaire pour connecter les acteurs, l’entreprise est toute désignée pour aider les développeurs à créer des liens avec des partenaires d’affaires locaux.

Notre rapport avancé aide les développeurs en ce sens. Besoin d’aide pour planifier votre projet ou trouver la bonne technologie pour atténuer les problèmes rencontrés? Consultez notre liste complète de fournisseurs de services dans l’industrie. À vous de jouer!

Pour en savoir plus

• Guide de bonnes pratiques pour les projets de méthanisation, ATEE
• Increasing Acceptance for Biogas Applications: a Handbook for Biogas Promoters, la Commission européenne
• Informer et dialoguer : Autour d’un projet de méthanisation, ADEME